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1. Pouvez-vous nous présenter votre fonction et les activités d’EVEA ?

Je suis le président-directeur général et le fondateur d’EVEA, cabinet conseil spécialiste de la performance environnementale et sociale des produits fondé en 2005. Nous intervenons principalement dans l’industrie pour évaluer les impacts (Analyse du Cycle de Vie, empreinte sociale) et accompagner l’éco-conception et l’innovation durable.

Notre équipe d’environ 140 personnes est organisée par compétence sectorielle. En l’occurrence pour cet interview concernant les emballages nous avons mobilisé une équipe dédiée et je remercie tout particulièrement Anthony Zidane et Laurence Beck pour leur contribution. En cohérence avec notre statut de SAS SCOP – une centaine de salarié.es sont également Associé.es – nous nous attachons à accompagner les entreprises dans un esprit de co-contruction et de transmission. Ainsi notre offre « conseil » est complétée par des formations et des outils logiciels pour intégrer les compétences et les process durablement chez nos clients. A ce titre nous avons développé Askor, une plateforme logicielle d’ACV et d’éco-conception déclinée par secteur : agroalimentaire, cosmétiques, textile-mode…

2. Vous avez été speaker lors de notre table ronde CNE lors du salon ALL4PACK de novembre 2022 :

Pourriez-vous nous rappeler tout l’intérêt de l’ACV (analyses de cycle de vie) pour les produits emballés de grande consommation, avec les enjeux et les limites associées ?

L’ACV est un outil d’aide à la décision. En objectivant les impacts environnementaux tout au long du cycle de vie d’un produit (multi-étapes) et sur différentes dimensions (multi-indicateurs), l’ACV permet une analyse quantifiable et permet d’éviter les fausses bonnes idées.
C’est une analyse multi-indicateurs qui rend visibles les transferts de pollution, par exemple lorsqu’un impact diminue (comme le changement climatique), mais qu’un autre augmente (par exemple l’usage des sols).

L’ACV permet aussi d’avoir une vision complète du système produit et emballage, et de mettre en lumière l’importance relative du produit par rapport à l’emballage et du risque d’augmentation des impacts si l’emballage perd ses propriétés de protection ou augmente le gaspillage alimentaire.

C’est donc un très bon outil pour guider l’innovation et pour faire les bons choix.

Néanmoins, il faut avoir conscience des limites de l’ACV.
Il faut comparer des services rendus comparables. Par exemple, si on compare un emballage dit « de recharge », c’est le système complet qu’il faut considérer, comme il faut raisonner en quantité de produit délivré au consommateur.
Tous les enjeux ne sont pas correctement pris en compte à date, comme la pollution plastique. L’intégration de cet enjeu fait l’objet d’un projet, Mari-LCA, mené par des chercheurs experts en ACV et en systèmes marins.
Pour conclure, l’ACV reste un outil d’aide à la décision. Il devrait être utilisé en complément d’autres indicateurs (toxicité, analyse de risque, social) : l’ACV seule ne suffit pas à la prise de décision.

Lien de la table ronde ALL4PACK : https ://www.youtube.com/watch?v=PMyIRF24Puw

3. Entre la règlementation sur les emballages (décret 3R) et les positions prises par certains organismes via des ACV pour la contrarier, que dites-vous en tant qu’expert des ACV ?

Rappel Décret 3R : les metteurs sur le marché veillent à choisir les alternatives qui permettent une réduction des impacts environnementaux, y compris sur la biodiversité, en privilégiant une analyse du cycle de vie comparée de l’emballage en plastique à usage unique par rapport à ses alternatives.
https ://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043458675

Chez EVEA, nous réalisons des ACV, mais nous développons aussi des indicateurs de circularité, de conception, d’enjeux sociaux. Pour nous, l’éco-conception ne passe pas que par l’ACV.

L’enjeu de la pollution plastique est un des éléments à l’origine de la loi AGEC (LOI n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire).
L’ACV ne contredit pas cette loi : elle permet de trouver la meilleure solution possible pour limiter le plastique.
Sa limite est la non-prise en compte de la pollution plastique. C’est pourquoi le cadre de référence de l’ADEME sur les ACV comparatives d’emballage recommande de mesurer qualitativement l’impact de la perte d’emballage dans l’environnement.

Par ailleurs, les solutions d’emballages à usage unique ont fait l’objet de constantes améliorations les 30 dernières années et sont aujourd’hui matures et optimisées.
Les solutions de réemploi ou les technologies émergentes sont encore au stade de construction et pas encore en rythme de croisière. Il faut bien en avoir conscience quand on réalise une ACV.

4. L’information consommateur via un affichage environnemental fait l’objet de nombreux débats, Quels sont les éléments d’un affichage réussi selon EVEA (un affichage unique européen, par secteur d’activité, par marché de produits, etc.) ?

Un affichage environnemental doit permettre de savoir quels sont les produits les plus « impactants » ou les plus préoccupants, et quels sont les produits qui ont la note la plus basse. Il devrait permettre de faire évoluer ces produits pour les rendre plus vertueux. C’est par exemple ce qu’a permis le Nutriscore, les entreprises faisant progressivement évoluer les formulations de leurs produits les plus mal notés (D ou E) pour les améliorer.

L’affichage environnemental basé sur une ACV sera plus pertinent s’il est complété par des informations ou par des indicateurs qui permettent d’adresser des sujets spécifiques importants et pas toujours bien couverts par l’ACV. Ces enjeux sont notamment :

– La pollution liée à l’émission de certaines substances dans l’environnement (pollution plastique, perturbateurs endocriniens, métabolites de produits phytosanitaires…), ce qui correspond à la 5ème limite planétaire franchie (introduction de nouvelles entités dans la biosphère)
– La biodiversité, qui manque encore d’indicateurs permettant d’évaluer plus précisément l’effet des pratiques sur les habitats, sur les espèces invasives et sur la surexploitation des ressources biotiques (poissons, plantes rares…)
– La santé des opérateurs, des consommateurs ou encore des populations locales
– Le bien-être animal
– Les thématiques sociétales (équité, éthique des affaires, dignité, rémunération, éthique dans la chaine de valeur, conditions de travail)

Pour EVEA, l’idéal serait un affichage permettant une communication à la fois sur les enjeux sociaux et sur les enjeux environnementaux. Pourquoi ? Pour permettre aux industriels de prendre les meilleures décisions et pour aider les consommateurs à faire les meilleurs choix.

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