1- Pouvez-vous nous présenter votre fonction et les missions de POLYVIA en quelques mots ?
Polyvia existe depuis le 1er janvier 2021. C’est le fruit du regroupement d’une dizaine de structures syndicales patronales, avec l’objectif essentiel d’unir les forces de ces organisations.
La raison d’être de Polyvia est d’accompagner les transformateurs de polymères dans leur développement, et de construire avec eux une industrie compétitive, attractive, responsable et engagée dans l’économie circulaire. Dans ce contexte, Polyvia représente 3200 entreprises et 125 000 collaborateurs.
Nous accompagnons les entreprises en identifiant leurs besoins et en les soutenant avec les expertises adaptées.
Nous les représentons auprès des pouvoirs publics et des relais d’influence, en faisant la promotion des produits plastiques et en contribuant à améliorer l’attractivité du secteur.
Nous les aidons à anticiper les grandes tendances sociétales, pour se transformer et innover.
En tant que Directeur Général de Polyvia, je pilote une équipe d’une centaine de personnes, assurant une présence de proximité sur l’ensemble du territoire national et des expertises dans tous les domaines d’intérêt de nos adhérents.
Notre organisation par marché nous conduit à suivre de près de nombreux secteurs d’activité : Emballage, bâtiment, automobile, santé, …
Dans le domaine de l’emballage, nous travaillons en étroite collaboration avec Elipso.
2- Ces récentes années 2020 et 2021 avec le Covid ont montré que le monde de l’emballage plastique a dû faire preuve de résilience : au sortir de ces temps troublés (sous peu…), quels sont les points forts pour la profession sur lesquels capitaliser ?
Les entreprises de l’emballage plastique ont été remarquables pendant la crise Covid. Elles ont su s’adapter aux variations fortes de la demande en particulier dans les domaines de la santé et de l’agroalimentaire.
Certaines ont profondément transformé leur production pour répondre aux urgences (gel, équipements de protection, …) : Elles ont contribué à améliorer l’image des plastiques, si fortement attaquée par ailleurs, et l’ensemble de la profession leur en est très reconnaissante.
L’agilité est un point fort de notre profession, cela est visible dans l’adaptation très rapide des entreprises de l’emballage aux contraintes sociétales et réglementaires.
L’innovation est aussi un point essentiel. Sous l’impulsion de la profession, IPC, le Centre Technique de la Plasturgie et des Composites, a été créé en 2015. C’est un atout majeur pour avancer rapidement dans des procédés et des produits toujours plus performants.
3- La loi AGEC de 2020 et la loi Climat et résilience de 2021 tracent une vision pour une fin des emballages plastiques à usage unique en 2040. Comment Polyvia intègre ce sujet d’économie circulaire avec ses adhérents (amélioration du recyclage, utilisation de matières recyclées, réemploi, etc.) ?
En collaboration avec IPC et l’ADEME, Polyvia travaille à :
- Informer les entreprises des nouvelles réglementations et de leurs conséquences
- Promouvoir l’incorporation de matières recyclées dans les produits quand cela est possible, en mesurant avec l’outil MORE. De nombreuses réunions et conférences sont organisées par Polyvia dans ce domaine.
- Former les salariés à l’économie circulaire dans la plasturgie, au travers de l’entité Polyvia Formation.
- Conseiller les entreprises dans la mise en place de leur feuille de route économie circulaire.
- Identifier les aides financières, en particulier dans le programme Orplast, et aider les entreprises à monter les dossiers permettant d’accéder à ces aides.
Polyvia demande à ce que les évolutions réglementaires se stabilisent et qu’une vraie cohérence européenne de développe, afin d’éviter les surtranspositions et les différences de législation au sein de l’Union Européenne.
Le CNE peut probablement jouer un rôle pour avoir une vision globale des effets réels de la loi AGEC sur l’emballage. La multiplication des mesures et leur échelonnement dans le temps rendent difficile une appréciation objective des impacts.
4- Depuis 25 ans, le CNE œuvre avec ses adhérents partenaires pour le Juste Emballage notamment au sens environnemental, la pandémie nous rappelle aussi que l’emballage est essentiel sur le plan sanitaire (notamment), quelles propositions pourriez-vous formulés au CNE pour démontrer que circularité des emballages et les fonctions essentielles de ces derniers vont de pair ?
Le plastique apporte beaucoup de fonctionnalités aux emballages. Il est le seul matériau à en combiner autant (solide, léger, transparent, inerte chimiquement, stérilisable, capable de prendre quasiment toutes les formes et les couleurs possibles, économique, recyclable, etc.). Les progrès des chimistes et des plasturgistes ont permis de maintenir ces propriétés tout en réduisant l’impact environnemental et il y a encore des marges de manœuvre (réduction du poids, intégration de recyclé/biosourcé, réduction du nombre de résines différentes par produit, etc.).
Le développement du recyclage, aussi bien mécanique que chimique est essentiel pour démontrer que l’emballage plastique consomme de moins en moins de ressources fossiles. Le CNE doit porter fortement le message qu’un produit qui incorpore de la matière recyclée n’est pas un produit à usage unique, puisque la matière qui le compose est utilisée plusieurs fois.
En parallèle, il est essentiel de démontrer que l’emballage plastique est une arme puissante pour la décarbonation de nos usages.
5- Quels sont les sujets que vous souhaiteriez que le CNE investigue dans le cadre de groupes de travail ?
Le traitement en fin de vie des emballages est leur point de faiblesse. Il y a beaucoup trop de fuites de déchets d’emballages plastiques dans l’environnement. De nombreuses mesures sont prises par les industriels dans ce domaine, c’est en aval de la chaine de valeur que se déplace le sujet : La collecte devient l’enjeu majeur des prochaines années et c’est un axe sur lequel le CNE doit avoir une réflexion et faire des propositions.
Les récents investissements dans le recyclage chimique du plastique vont aussi avoir un impact sur les grands équilibres des matériaux utilisés dans l’emballage, avec, entre autres, la problématique spécifique de la mass balance. Le CNE pourrait créer un GT autour de ce sujet.
Par ailleurs, le CNE doit continuer et renforcer son travail sur les allégations concernant les emballages et leur impact environnemental. Avec le développement de l’information vers les consommateurs, il importe de garantir la transparence des informations. En tant qu’organisation indépendante, le CNE jour un rôle essentiel dans ce domaine.