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Pouvez-vous nous présenter votre fonction et les activités de Les Prés rient Bio en quelques mots ?
Je suis Directeur général des Prés rient Bio, filiale de Danone en France. Il s’agit d’une entité juridique à part entière et pas seulement une marque. Ce parti pris il y a 13 ans afin de maximiser le succès de l’aventure (business et raison d’être) : raisonner en entreprise et non comme une marque parmi d’autres permet de construire la stratégie, le business plan + la raison d’être et l’impact sur les parties prenantes ; la réussite de les 2 vaches par l’entité juridique a permis d’avoir une forme d’autonomie et de liberté de choix (vs le groupe Danone).
Les prés rient bio c’est 60 millions d’euros de Chiffre d’affaires avec des produits ultra frais bio (gamme de desserts de fromages frais et de yaourts brassés).
Les 2 vaches est leader en 2019 sur le marché de l’ultra frais bio, marché qui représente 300 millions d’euros.
Vous avez été speaker lors de notre conférence CNE PACK FOCUS du 6 novembre 2019 portant sur le thème « Allégations environnementales relatives aux emballages : vers une communication responsable » :
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Pouvez-vous nous rappeler les raisons du lancement du pot de yaourt en PLA pour les 2 vaches ?
La raison majeure : compte tenu d’une croissance de 20 % l’an des produits les 2 vaches, il y a eu une situation de saturation de ligne d’où la nécessité d’investir dans un outil pour retrouver de la capacité.
Nous avons ainsi saisi cette opportunité pour challenger la matière PS du pot et dans le même temps d’améliorer notoirement l’impact de l’emballage en rayon (marketing et design).
De nombreuse possibilités matières ont été investiguées sous les angles économique, Capex, faisabilité technique, écologique, etc. Nous avons recherché l’amélioration environnementale versus le PS même si comme je l’ai évoqué en matinée CNE, ce n’est qu’un pas ; ce projet de nouvelle matière est difficile à valoriser avec une belle histoire auprès des consommateurs et il a donc fallu du temps pour persuader les parties prenantes en interne. Il y a 4 ans, l’option du PLA banderolé papier a été prise.
Le succès qui est au rendez-vous s’explique en fait par un mix produit global (impact en linéaire, certification équitable, etc.) : le PLA porte le produit et il participe à la valeur ajoutée en mineur.
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L’émergence de nouveaux modes de consommation (nomadisme, E-commerce, etc.) ou de distribution (le vrac, etc.) est une réalité, comment Danone s’approprie ces sujets déclinés dans sa stratégie « one planet, one health » par rapport au Juste Emballage ?
Je parlerai ici de la vision des Prés rient Bio (même si celle-ci est en cohérence avec les projets de Danone).
Des changements monstrueux se font jour, il faut donc répondre présent. Comment faire bouger les lignes à partir du pot classique sans s’accrocher à une seule solution ?
La réflexion stratégique dépend de 2 choses :
- L’outil industriel, en considérant qu’il faut assurer la continuité du business sans pour autant ne rien faire. L’idée à investiguer : le biosourcé en améliorant continuellement le PLA (par ex en supprimant les problématiques OGM, l’irrigation, la compétition avec l’alimentation, etc.)
Repenser l’unité de vente en réfléchissant à des pots unitaires ou en x2 (par ex en PET ou en carton complexé plastique en pensant recyclabilité).
- Quid du contenant : la taille de l’unité de consommation pour éventuellement migrer vers de plus gros contenants avec des solutions alternatives au pot (par ex des poches réutilisables) ou le vrac testé récemment pendant deux semaines pour comprendre les attentes/besoins consommateurs, les usages : ici deux obstacles majeurs à lever :
- Economique car, pour le consommateur, le vrac c’est moins cher mais pour le producteur c’est plus cher pour des raisons de maintenance, de technologie, d’hygiène, et de réglementation.
- Le vide juridique de ce mode de distribution notamment en vue de définir la responsabilité des acteurs sur la supply chain notamment s’agissant de l’hygiène du contenant du consommateur.
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Quels sont les sujets d’actualité traitant de l’emballage que vous jugez prioritaires et que le CNE pourrait investiguer dans le cadre de groupes de travail ou de tout autre mode de communication (matinée d’information, etc.) ?
De nombreuses questions se posent s’agissant du mode de distribution en vrac, le CNE serait légitime pour éclairer le sujet, le faire avancer pour faire émerger des bonnes pratiques utiles à tous et issues de l’intelligence collective de ses partenaires.
Dans un cadre d’amélioration continue de type environnemental, il est assez difficile de réaliser des ACV « propres », robustes et rationnelles. Le CNE pourrait sans doute établir une grille d’analyse d’un emballage éco-conçu à l’appui d’ACV selon des scénarii et des business identifiés afin de faire prendre la bonne décision au metteur en marché.