1. Pouvez-vous nous présenter votre fonction et vos activités au sein du PEC de l’IUT de Reims en quelques mots ?
Je suis Ahmed TARA, Maître de conférences HDR et enseignant-chercheur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. J’enseigne à l’université depuis 2005 et assure actuellement la responsabilité du parcours « Écoconception, Homologation et Supply Chain (ECHSC) » au sein du département Packaging, Emballage et Conditionnement (PEC) de l’IUT de Reims-Châlons-Charleville, le premier département universitaire dédié au packaging en France, créé à Reims en 2000. Le département PEC propose également un second parcours, « Écoconception et Industrialisation », offrant une complémentarité pédagogique pour former des professionnels capables de relever les défis environnementaux, industriels et technologiques du secteur de l’emballage.
Depuis de nombreuses années, avec l’ensemble de mes collègues du département PEC, nous nous engageons activement pour faire évoluer nos formations en packaging afin de répondre aux enjeux actuels et futurs de la filière. Notre approche repose sur une double ambition : encourager l’innovation pédagogique et ancrer nos enseignements dans une dynamique forte de responsabilité sociétale.
L’ouverture à l’alternance, mise en place depuis plusieurs années, représente un levier fondamental de professionnalisation. Elle permet à nos étudiants-apprentis de s’insérer rapidement et durablement dans le tissu industriel, en contribuant dès leur formation à des projets concrets, pertinents et porteurs de sens dans le domaine de l’emballage.
Notre vision est claire : former, tout au long des trois années du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT), des spécialistes du packaging capables de relever les défis industriels, environnementaux et logistiques avec rigueur scientifique, créativité technique et un sens affirmé de l’éthique.
2. Dans le cadre du parcours pédagogique de vos étudiants, ceux-ci sont amenés à utiliser les documents du CNE, quelles observations pouvez-vous faire sur l’utilité de ces documents pour faire passer des messages d’écoconception et de Juste Emballage ? Pensez-vous à des axes d’amélioration ?
Les documents du Conseil National de l’Emballage sont des ressources particulièrement précieuses pour sensibiliser nos étudiants aux enjeux d’écoconception et au concept de « Juste Emballage ». Leur clarté, leur approche systémique centrée sur le couple produit/emballage, ainsi que leur actualisation régulière, permettent d’ancrer les principes de durabilité dans une réalité industrielle tangible. Des publications telles que Le juste emballage, L’emballage et le réemploi, L’emballage face aux mutations de la société, Vide & emballages : Le CNE comble un vide !, L’allégation environnementale, ou encore la Fiche pratique : Compostage & Emballages, sont régulièrement utilisées dans nos enseignements pour illustrer des pratiques responsables et nourrir la réflexion critique de nos étudiants.
Pour renforcer encore leur impact pédagogique et capter l’attention des nouvelles générations, quelques pistes d’amélioration pourraient être envisagées : proposer des formats plus immersifs et dynamiques (vidéos courtes type motion design, témoignages de professionnels ou d’anciens diplômés), intégrer des contenus interactifs accessibles via QR codes (mini-jeux, quiz, défis de design packaging), ou encore développer une application mobile ou une plateforme dédiée, pensée comme un véritable espace d’apprentissage ludique et intuitif.
3. Vous êtes en prise directe avec la jeune génération, comment réussissez-vous au quotidien à mobiliser les énergies pour que les étudiants aspirent à travailler à terme dans ce domaine ?
En tant qu’enseignant au sein d’un département spécialisé en packaging, je suis en contact quotidien avec une jeune génération curieuse, en quête de sens et d’impact concret. Pour nourrir leur intérêt pour les métiers de l’emballage, nous adoptons une pédagogie active, fondée sur des projets concrets, interdisciplinaires et en lien direct avec les enjeux environnementaux et industriels actuels, grâce à des partenariats solides avec des entreprises du secteur. Des thématiques telles que le réemploi, l’écoconception ou encore la transition réglementaire portée par la loi AGEC et le règlement européen PPWR sont au cœur de nos démarches pédagogiques.
Nous mobilisons également des outils technologiques innovants : plus que l’intelligence artificielle en tant que telle, ce sont surtout les technologies liées à l’automatisation, à la cobotique, à la traçabilité, à la modélisation 3D, aux lignes de conditionnement ou encore aux outils graphiques du design qui captent l’attention de nos étudiants. Ces compétences sont intégrées à nos enseignements à travers des différents travaux, des visites de sites industriels et de nombreuses interventions professionnelles. Environ 25 % de nos cours sont d’ailleurs assurés par des professionnels issus de différents secteurs de l’emballage, ce qui permet aux étudiants de rester connectés aux réalités et aux évolutions du terrain.
L’intelligence artificielle, pour sa part, est aujourd’hui principalement utilisée par nos étudiants comme ressource complémentaire : pour explorer des solutions, structurer leurs projets ou enrichir leurs analyses. Notre ambition est d’intégrer progressivement ces outils de manière plus ciblée, notamment dans des démarches d’analyse multicritère, de simulation ou d’optimisation de solutions packaging.
Enfin, nous organisons régulièrement des rencontres particulièrement enrichissantes avec des entreprises et des acteurs innovants qui repensent les modèles traditionnels du packaging. Ces expériences, combinées à des formats participatifs comme les concours nationaux (Emballé 5.0, Les Oscars de l’Emballage, etc.) ou internationaux (Student Starpack, etc.), les challenges, les ateliers créatifs ou encore les SAE (Situations d’Apprentissage et d’Évaluation), permettent de mobiliser pleinement l’énergie des étudiants autour d’un secteur qu’ils découvrent comme innovant, en constante mutation et porteur de sens.
4. Comment le CNE, au-delà de son réseau, peut-il vous aider à montrer que l’emballage est, quoi qu’il arrive source d’emploi ?
Le CNE, par son positionnement transversal et fédérateur, joue un rôle essentiel dans la valorisation de l’emballage comme secteur porteur d’emplois. Pour renforcer cette visibilité auprès des jeunes générations, plusieurs actions pourraient être envisagées en lien direct avec les établissements de formation, comme notre département Packaging, Emballage et Conditionnement (PEC) de l’IUT de Reims.
L’organisation d’une conférence du CNE ouverte aux étudiants, enseignants et partenaires industriels, serait une formidable opportunité pour présenter les grandes évolutions du secteur, les perspectives d’emploi, ainsi que les métiers d’avenir liés à l’écoconception, au réemploi, à la digitalisation ou encore à la logistique. Beaucoup de rencontres se tenant actuellement à Paris, cette initiative permettrait également de diversifier les lieux géographiques et de toucher d’autres bassins étudiants et industriels.
La venue d’adhérents du CNE (industriels, ingénieurs, designers, responsables RSE, experts techniques, syndicats des emballages…) dans le cadre de tables rondes ou de séquences métiers permettrait aux étudiants de découvrir des parcours professionnels concrets, de dialoguer avec des acteurs de terrain, et de mieux appréhender la richesse et la diversité des carrières dans l’emballage. Ces échanges contribuent à déconstruire certains préjugés et à susciter l’envie de s’engager dans un secteur innovant, durable et porteur de sens.
Enfin, le CNE pourrait parrainer un projet étudiant national, tel qu’une mini-série ou un web-documentaire sur les coulisses de l’emballage, réalisé par les étudiants eux-mêmes et diffusé sur les réseaux sociaux. Ce format immersif permettrait de toucher un public jeune, de valoriser les formations existantes, et d’élargir l’impact du CNE bien au-delà des campus.
